Découvrir le musée d'Archéologie

Plus de dix siècles d'histoire antique présentés dans un monument historique.

Inauguré en 1963, le musée d’Archéologie rassemble des objets issus des fouilles terrestres et sous-marines, retraçant l’histoire d’Antipolis depuis le VIIe siècle avant notre ère jusqu’au Ve siècle de notre ère.

La collection

L’histoire de la collection commence au XVIe siècle avec la découverte et la publication de plusieurs inscriptions gallo-romaines dont la stèle de l’enfant Septentrion. Au XIXe siècle, des collections privées se constituent dans les familles de notables.

En 1928, Romuald Dor de La Souchère crée le premier musée d’Histoire. Helléniste de formation et professeur à Cannes, il rassemble au château Grimaldi des objets archéologiques, des moulages ainsi qu’une vaste documentation composée de notes de lecture et de traductions.

À partir des années 1950, la découverte de nombreuses épaves incite la municipalité à créer un lieu exclusivement consacré à l’archéologie : le musée d'Archéologie d'Antibes est inauguré en juin 1963.

La collection se décline en plusieurs thèmes, valorisés par de nombreux supports didactiques, photos et plans.

Aux origines d’Antibes

Le visiteur découvre le célèbre galet de Terpon, la plus ancienne inscription d’Antibes, deux très remarquables têtes féminines en pierre ainsi qu’un lot de céramiques indigènes, étrusques, massaliètes et grecques. Retrouvées dans les fouilles du Vieil-Antibes, ces céramiques ponctuent près de sept siècles d’occupation, depuis l’oppidum indigène jusqu’à la colonie grecque de Marseille (VIIe-Ier siècle avant notre ère).

Je suis Terpon, serviteur de l'auguste déesse Aphrodite.

Le monde méditerranéen

Ce monde auquel se rattache Antipolis est abordé à travers près de soixante vases et objets en céramique produits par les Grecs et les différents peuples de la péninsule italique, indigènes, Grecs, Étrusques et Romains.

La ville romaine se constitue à partir de 49 avant notre ère, lorsqu’Antipolis s’affranchit de la tutelle de Marseille. De cette présence romaine, nous conservons plusieurs objets, dont deux monnaies d’Antipolis, lorsque la ville avait le privilège de frapper un petit monnayage, des peintures murales aux représentations d’oiseau et d’Amour ou encore un buste en marbre de Dionysos (ou d’un faune).

Un fragment de table d’autel paléochrétien en marbre conclut la séquence consacrée à l’époque romaine. Retrouvé dans les fouilles de la chapelle Saint-Esprit, près de la cathédrale et daté des Ve-VIe siècles de notre ère., il symbolise l’émergence d’une ville nouvelle dont la modernité réside dans le christianisme.

Mare nostrum

C’est ainsi que les romains appelaient la mer Méditerranée avec laquelle Antibes entretient un lien très fort depuis ses origines : le mobilier archéologique retrouvé dans l’Anse Saint-Roch, ou à l’intérieur de nombreuses épaves, atteste le rôle d’Antibes dans le développement des liens commerciaux dès le VIe siècle avant notre ère. Issus de bateaux qui pratiquaient le cabotage – comme celui dit des Roches d’Aurelle – ou de navires hauturiers à l’image de l’épave de la Tradelière, ce sont des milliers d’objets qui ont été retrouvés et pour un grand nombre dans un état de conservation exceptionnel. Une sélection a été faite dans les cargaisons parmi la vaisselle en terre cuite, les vases en verre aux multiples couleurs et des éléments d’accastillage. Enfin, plusieurs amphores viennent illustrer la diversité des contenus (vin, huile d’olive, saumures) et des provenances (Marseille, Italie, Espagne, Grèce, Afrique du Nord).

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Croyances et au-delà

Le territoire d'Antibes est riche en inscriptions épigraphiques funéraires gallo-romaines, parmi lesquelles la stèle de l’enfant-danseur Septentrion, signalée dès 1557, est certainement la plus célèbre.

"Je ne connais rien de plus tragique que cette inscription dans sa brièveté, rien qui fasse mieux sentir la dureté du monde romain."  Jules Michelet

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En outre, un important mobilier archéologique illustre les pratiques funéraires antiques : des urnes en verre, en plomb ou en céramique, qui recueillaient les résidus de la crémation, ou bien encore une tombe en bâtière de tuiles et un sarcophage de plomb qui témoignent des rites d'inhumations. Ces tombes voisinaient parfois le long des routes avec des sépultures monumentales, comme le mausolée de Vallauris, au quartier des Encourdoules, dont les fragments sont aujourd’hui rassemblés derrière le musée d’Antibes.

Les dépôts d’offrandes associés évoquent la croyance dans l’au-delà : la présence d’une monnaie rappelle l’obole qu’il faut verser à Charon pour traverser le Styx, fleuve des Enfers.

Enfin, un petit secteur consacré aux divinités présente notamment une inscription taurobolique qui évoque le culte de la déesse Cybèle et un petit autel en pierre dédié au dieu local Pipius, offert récemment par un couple d’habitants de Vallauris.

Le monde rural

La cité gallo-romaine d'Antipolis comportait, outre son centre urbain, un territoire rural, situé entre la Siagne et le Loup. Les objets présentés concernent essentiellement les fouilles du site de Vaugrenier, une agglomération secondaire de la fin du Ier siècle avant notre ère située le long de la via Aurelia.

Le long de la voie s’alignaient un vaste temple, ainsi que des ateliers et boutiques d’où proviennent des éléments d’artisanat (tissage, tabletterie). Des armes retrouvées dans les fouilles – pilum, pointes de flèches, carreau de catapulte, fer de lance – signalent peut-être la proximité d’une bataille évoquée par l’écrivain Tacite et qui aurait mis fin à l’occupation du site dans la seconde moitié du Ier siècle de notre ère.

Vivre en ville

La dernière section du musée présente près de cent-cinquante objets qui nous font partager le quotidien des habitants d’Antibes il y a 2000 ans. Un grand nombre provient des fouilles de la rue Clemenceau, réalisées dans le Vieil-Antibes entre 1992 et 1994. Une mosaïque à décor d’hexagones ainsi qu’une exceptionnelle fontaine en marbre constituent les points forts du parcours. Elles agrémentaient la demeure d’un notable à la fin du IIe siècle de notre ère. La maison bénéficiait par ailleurs d’une adduction d’eau par des tuyaux de plomb.

Le Bastion

Le musée d'Archéologie d'Antibes est installé dans le bastion Saint-André. Celui-ci a été construit en 1698 sur les plans de Vauban, dans le cadre des travaux d'amélioration qu'il fait entreprendre pour la défense d'Antibes. Bien que d'allure imposante aujourd'hui, le bastion Saint-André, ou "bastion 17", ne constituait qu'une petite partie de l'enceinte urbaine d'Antibes, dont il marquait l'extrémité sud.

Les deux galeries voûtées en briques tenaient lieu de réfectoire pour la garnison, le bâtiment étant équipé d'une citerne souterraine et de quatre fourneaux de boulangerie, complétés par la suite par un foyer-double de cuisine. Au-dessus des galeries, une vaste terrasse dallée permettait d'accueillir des batteries de canon.

L’édifice est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1930.